fbpx

TCA : Payer quelqu’un pour s’en sortir ? Cela ne suffit pas.


Voilà, ça y est, on a signé. On s’est lancé, on a décidé d’investir beaucoup d’argent dans cet accompagnement qui semble être exactement ce qu’il nous fallait. Cette étape est déjà être énorme en soi. Prendre une décision émotionnellement et financièrement engageante, se lancer dans le vide, surtout quand on manque de confiance en soi et qu’on a connu des échecs et déceptions, c’est déjà une grosse étape de franchie. Il y a vraiment de quoi être fier de soi.


Savez vous combien de personnes vont au bout du processus ? Regardons le nombre d’étapes à franchir avant de s’engager dans un accompagnement.

  • La première prise de contact. On suit les travaux de ce thérapeute et on se dit qu’on aimerait travailler avec lui/elle. Prendre contact demande un investissement émotionnel important en soi. Généralement, on le fait « sur le coup », sans trop réfléchir, sous l’influence d’une émotion particulière. Si on ne le fait pas tout de suite, la deuxième tentative de prise de contact peut se faire beaucoup de temps après.

 

  • La prise de rendez-vous : s’engager sur une date pour échanger peut être anxiogène également. D’une certaine manière, cela engage et il n’est pas rare que des prises de contact n’aboutissent jamais à une prise de rendez-vous.

 

  • Le rendez-vous en lui-même. C’est sans doute là qu’on compte le plus d’abandons. De nombreuses personnes perdent courage au dernier moment, ou ne voient plus trop pourquoi elles avaient commencé la démarche. Non que leur problématique ne soit plus présente, mais l’angoisse générée par la perspective d’échanger à ce sujet avec un-e inconnu-e, même si ce-tte dernier-e inspire confiance, est trop importante et entrave le processus. Par exemple, un quart environ des personnes qui réservent un appel avec moi ne s’y présentent pas et ne donnent plus jamais de nouvelles.

 

  • La décision de suivre ou non l’accompagnement. Plus l’engagement demandé est important, en temps et en argent, plus la décision est émotionnellement impactante. C’est souvent un moment un peu vertigineux, où on ne sait plus trop où on en est. Une partie des personnes arrivées à ce stade du processus se diront : « Je ne sais pas du tout ce que je suis en train de faire mais quelque chose me dit que c’est le bon choix. » Et c’est parti. A ce stade, elles éprouvent généralement des sentiments ambivalents : un sentiment de soulagement, une immense satisfaction d’avoir pris une bonne décision pour leur vie, la fierté de s’être décidées, mais aussi la crainte de s’être trompées, d’avoir peut-être accordé leur confiance trop vite. Certaines se demandent même si, finalement, elles ont vraiment besoin de s’en sortir. Mais elles tiennent bon et vivent l’aventure à fond.  D’autres préfèrent « réfléchir » (et la moitié des personnes qui « réfléchissent » ont déjà décidé de ne pas s’engager mais préfèrent le dire plus tard, par voie écrite, ou ne plus donner de nouvelles. Dommage, décliner une offre de vive voix est déjà un excellent exercice d’affirmation de soi. )

Ouf. Tout ça.


Concentrons-nous sur les personnes qui ont traversé avec succès chacune de ces étapes et qui se retrouvent désormais engagées dans un accompagnement. Il peut s’agir d’une version light – des consultations ponctuelles, qu’on est libre de prendre plus ou moins quand on le souhaite – ou d’une version plus intensive – engagement sur plusieurs mois, voire années.


Le truc, c’est que…


Arriver au bout de ce processus d’engagement, ce n’est que le début.


La toute première marche.


La plupart des personnes que j’accompagne avouent, en fin de coaching, n’avoir pas réalisé l’ampleur de la tâche au départ.


Est-ce bien malin de ma part de parler de cela ? Ne suis-je pas en train de me tirer une balle dans le pied ?


Pas sûr.  Je préfère prendre trop de précautions que pas assez et éviter les mauvaises surprises en cours de route.

 

S’il y a une chose que je voudrais éviter à tout prix, c’est de laisser planer un doute sur le fait qu’aucun processus de changement ne peut être facile ou confortable. Il n’y a pas de secret, ni de miracle.

Par contre, l’inconfort et la difficulté viennent rarement de là où on le croit.

Dans le cas des TCA, on s’attend généralement à devoir agir sur l’alimentaire, changer sa perception de soi, travailler sur ses émotions, sur le lâcher-prise ou, au contraire, la vigilance alimentaires.

Mais non : les efforts à fournir ne sont pas là où on le croit.

Mon intérêt n’est pas d’accompagner beaucoup de personnes, mais d’accompagner uniquement des personnes prêtes à s’investir vraiment et qui, par conséquent, auront des résultats.


Et puis, il y a autre chose : oui, la transformation, c’est inconfortable et difficile. Mais il y a une chose sur laquelle toutes les personnes qui sont allées au bout de leur accompagnement sont unanimes : c’est dur, mais ça en vaut vraiment la peine.


Malheureusement, il m’arrive régulièrement de suivre des personnes qui n’ont pas compris tout ce que demande un accompagnement. Alors, de quoi s’agit-il ?


Voici deux qualités essentielles pour réussir son accompagnement thérapeutique et aboutir à la transformation recherchée (dans notre cas, se libérer définitivement de l’obsession alimentaire) :

  • La disponibilité : quand je vois des personnes qui se lancent dans un coaching mais le font passer après tout le reste et ne sont pas prêtes à changer quoi que ce soit à leur emploi du temps, je me dis que c’est clairement mal barré. En général, je prends l’initiative de poser un ultimatum (soit la personne prend son accompagnement au sérieux, soit elle va voir ailleurs) ou d’interrompre carrément le coaching.  Penser qu’on peut atteindre ses objectifs de transformation en ne changeant strictement rien à ses habitudes de vie est un leurre.

 

  • La remise en question : c’est, je crois, le point le plus sensible. Je vais être cash (une fois de plus) : l’ego n’a pas sa place dans un processus de changement. Quand j’ai commencé mes propres thérapies, j’étais bourrée de croyances et de jugements. Je pensais tout faire très bien et ne comprenais pas que le reste du monde ne tourne pas comme je le voulais. Je ne m’en suis sortie qu’au prix d’un renoncement à cette vision complètement erronée des choses : non, je ne faisais pas tout parfaitement. Mon petit jeu de « fille parfaite » ne faisait pas illusion, je trichais tout le temps avec les autres et vis-à-vis de moi-même. Au lieu d’affronter les vraies questions – les plus douloureuses, en fait – je me planquais tranquillement sous mon petit masque de « fille à qui tout réussit », alors que seule chez moi, je me noyais dans la nourriture, dans l’alcool et le tabac. J’ai dû me confronter à des thérapeutes qui ont mis en lumière ces tricheries, mes dysfonctionnements dans ma manière de communiquer avec les autres, mon manque d’authenticité. Transformation et facilité ne sont pas compatibles. A plus forte raison, si on souffre d’une addiction, ou de comportements compulsifs, c’est que non, on ne fait pas tout parfaitement. Un coaching ou une thérapie ne sont pas des stages de torture, mais il faut accepter une part d’inconfort, accepter de se remettre en question. Si on n’est pas prêt à ça, mieux vaut investir son argent dans autre chose. Là aussi, quand je vois des personnes se braquer pour des remarques banales, je me dis qu’elles ne sont pas encore mûres pour le changement. A l’inverse, j’accompagne essentiellement des personnes très courageuses, qui surmontent les moments difficiles et en font quelque chose de constructif. Je SAIS que ces personnes-là s’en sortiront brillamment.

En somme, il faut jouer le jeu. Payer quelqu’un pour papoter ou se faire valider dans les fausses histoires qu’on se raconte, c’est possible, mais dans ce cas, il ne faut pas s’étonner que rien n’avance.

Il faut accepter de se mouiller, de se faire bousculer émotionnellement.

Une thérapie, ce n’est pas un cycle de conférences. On ne vient pas comme un bon petit élève raconter sa vie tout sourire en disant que tout va super bien, « non vraiment, s’il n’y avait pas ces boulimies, tout serait absolument mer-veil-leux« . Les personnes qui avancent le plus vite sont celles qui osent se mettre en difficulté et qui osent laisser leur ego au second plan, même quand c’est douloureux.


Une dernière chose : il faut tenir bon APRES l’accompagnement. Si on oublie tout ce qu’on a appris en coaching ou en thérapie à la minute où on le termine, les vieux schémas se font un plaisir de revenir.


Je suis personnellement passée par tout cela. Pour RIEN AU MONDE je n’aurais voulu échapper à l’inconfort des accompagnements que j’ai suivi. Je n’ai jamais accepté d’être maltraitée ou qu’on me manque de respect, mais j’ai toujours accepté avec gratitude les critiques de mes thérapeutes.


Avant de vous lancer dans un accompagnement, réfléchissez-bien : est-ce que je veux vraiment m’en sortir, ou juste papoter et me raconter des histoires ? Les deux réponses sont valables, mais faites vos choix en cohérence avec vos objectifs profonds.

Vous avez la parole :

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur Boule de vie

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading