Je n’arrive pas à prendre soin de moi
J'aimerais prendre plus soin de moi, mais je n'y arrive pas.

Cet article, en résumé :
Pour les personnes très anxieuses (ce qui est presque toujours le cas des personnes sujettes aux troubles alimentaires) prendre soin de soi au sens « se détendre », ne rien faire, flâner sur la plage, bouquiner, se faire les ongles, peut être très angoissant voire violent.
Dans ce post, je voudrais rassurer ces personnes en leur montrant qu’elles ne sont pas seules à vivre ça et que c’est ok qu’elles ne parviennent pas à se détendre selon des modalités dictées par l’extérieur et résultant d’une construction sociétale.
Le soin de soi tel qu’on l’entend généralement et, surtout, quand il s’adresse aux femmes, rassemble essentiellement des actions productives (au sens de « faire des choses dans un but particulier ») et parfois oppressives.
D’ailleurs, il y a comme une confusion des expressions : prendre soin de soi, ça veut dire à la fois être dans le care vis-à-vis de soi-même, se porter de l’attention, mais c’est aussi s’entretenir, mettre de l’attention sur son apparence, s’administrer des traitements.
Dans un référentiel chargé d’injonctions faites aux femmes, la polysémie du terme « soin » révèle une réalité dans laquelle des apparences de soin de soi camouflent des gestes potentiellement oppressifs, coûteux, voire même douloureux.

Extrait d'un échange en séance
Consultante : « J’ai l’impression de prendre soin de moi parce que je me fais des masques, je me fais les ongles. »
Prendre soin de soi ou chercher à "s'arranger" ?
Cette jeune femme, comme tant d’autres très angoissées et sujettes aux troubles alimentaires, s’administre ces soins comme on prend des médicaments.

Je dis « cette jeune femme » et « d’autres personnes », mais j’ai été cette jeune femme moi-même. Je m’infligeais tout un tas de rituels parce que j’avais intégré qu’une femme doit prendre soin de soi, donc s’entretenir, se « faire belle » (se FAIRE belle, tiens, c’est pas anodin comme expression).
Et en même temps, comme dans l’imaginaire collectif, tous ces rituels (coiffure, épilation, manucure, gommage, crème après la douche, crème anti-cellulite, soin des pieds, des mains, masques, que sais-je encore) renvoyaient à une idée de « temps pour soi », je me faisais croire que c’étaient mon temps à moi, mon moment off.
En réalité, je détestais m’imposer tout ça, mais je ne me l’avouais pas.
Ou plutôt, je me demandais sans cesse ce qui clochait chez moi, pourquoi « comme toutes les filles normales » (!) je n’adorais pas faire toutes ces choses).

Des injonctions déguisées en "temps pour soi"
Il y a une charge injonctive derrière. Réaliser une certaine image de la femme :
être toujours au top, toujours performante, toujours nickel.

Soin de soi, pseudo-détente et angoisse de ne rien faire

Se reconnecter à ses vrais besoins et élans à soi
Ça te parle et tu veux aller plus loin ?
Articles similaires

You May Also Like

Boulimie : éviter le gouffre financier, le livre électronique à télécharger.
17 novembre 2018
Fragile équilibre ou de l’importance de respecter ses besoins élémentaires quand on souffre d’un trouble alimentaire.
14 juin 2018
2 Comments
Flavie
J’ai beaucoup aimé lire cet article.
Ça m’intéresserait beaucoup que tu écrives/décrives sur le TDA/H. Souvent ça m’interroge mais je ne me suis jamais beaucoup penché sur ce sujet.
Sur la charge financière (et pas que), ça, c’est super cool :
Le prix à payer: Ce que le couple hétéro coûte aux femmes https://g.co/kgs/sZV54V. de Lucile Quilet.
Je ne l’ai pas fini (jenesaispasfinirunlivre…) m/ais je le trouve génial ! D’ailleurs elle intervient dans un récent épisode du podcast Bliss-stories, j’ai adoré l’écouter (https://open.spotify.com/episode/3Y1FkSr3eMoVLKNqRfwt1V?si=eiP8UVrFRNmgnHo04aHrWA&utm_source=copy-link)
Masha - Boule de Vie
Merci Flavie pour tes mots!
Oui, je ferai absolument des posts là-dessus, mais comme j’ai le diagnostic depuis peu (même si j’avais de gros doutes), j’ai besoin de me documenter un peu. Mais je ferai des liens entre TDAH et TCA, clairement.
Merci aussi pour la référence. J’en ai entendu parler et j’ai à la fois super envie de le lire et peur que ça ne me bouscule trop 🙂 Mais c’est dans ma liste.
Je vais écouter le podcast.