
Boulimie : deux comportements à adopter pour aller mieux
1. Sortir de la logique coercitive
Le corps est beaucoup plus intelligent que notre mental et pourtant, on le considère trop souvent comme son subordonné. On le traite comme un véhicule qui doit fonctionner comme on le souhaite, comme une mule qui, chargée jusqu’à terre, doit se rendre où on le désire, au gré des coups de fouet qu’on lui assène.
Ce n’est pas parce qu’un réflexe est contre-intuitif qu’il est négatif
Les boulimies sont un moyen pour le corps de compenser une détresse d’ordre psychique et émotionnel (vous pouvez consulter cet article de Catherine Hervais sur boulimie.fr, dans lequel elle explique en quoi la boulimie est un « réflexe de survie » ). Le corps se défend par une addiction, pour éviter une détresse plus grande.
Exemples concrets de « sortir de la logique coercitive »
- Ne pas forcer en se disant « ça passe » lorsque l’on sent qu’on sature et qu’on est fatigué. Concrètement, dans ces cas-là, ne pas hésiter à annuler ou reporter des rendez-vous par exemple. Dans la plupart des cas, ce n’est vraiment pas si grave ;
- ne pas se forcer à faire du sport « parce que ça fait du bien », parce qu’on nous dit que quand on est fatigué(e), c’est justement là qu’il faut en faire, alors qu’on se sent complètement à bout de forces ;
- lorsqu’on se sent épuisé(e), réduire au maximum les obligations sociales et ne garder que ce qu’on a envie de faire ou ce qu’on ne peut vraiment pas annuler ;
- ne pas se forcer à sortir parce que c’est le week-end ;
- ne pas se forcer à aller voir des amis alors qu’on va très mal et qu’on n’en a pas la force parce qu’il est communément accepté que « ça nous remontera le moral ».
Faire preuve d’une grande douceur envers soi-même
Je conseille d’y apporter une vigilance permanente, à plus forte raison pendant les phases down. Encore une fois, je n’hésite plus à annuler des rendez-vous pour dormir ou me détendre quand je me sens mal et que ça n’a pas de conséquences trop graves, parce que je sais que c’est absolument vital. Ce n’est pas un caprice ni une fantaisie.
Lorsque l’on se trouve dans un état de fatigue, le monde extérieur nous semble très hostile : les gens, le bruit, les discussions, tout peut devenir vraiment dramatique. Lorsque je me force à faire quelque chose alors que je suis fatiguée, je me retrouve très facilement à sangloter dans des lieux improbables.
Dormir, même quelques minutes (dans l’idéal, dormir autant qu’il le faut, y compris si c’est quelques heures en pleine journée et y compris si on nous dit que « ça désorganise notre cycle de sommeil »), peut vraiment tout changer et éviter ce genre de petits drames, qui vont parfois de pair avec des accrochages avec les autres.
Certes, il n’est pas toujours possible de se reposer quand on le souhaite, mais on peut décider de s’arranger pour le faire dès que possible. C’est ça aussi, revenir à l’essentiel.
2. Suivre son propre courant
– Profiter des moments d’élan pour prendre davantage soin de soi, entreprendre ou poursuivre ses projets ;
– lors des moments down, des phases de moins bien (qui sont infiniment plus nombreuses que les phases positives tant qu’on n’a pas commencé à s’écouter et à prendre en compte ses besoins) : se recentrer sur l’essentiel, sur le noyau vital de choses que l’on doit faire pour se maintenir à flot.
Je pense que dans un premier temps, il est vraiment compliqué de faire autrement que de vivre un quotidien un peu en dents de scie. Mais justement, en manifestant le moins de résistance possible à l’état dans lequel on se trouve, en l’acceptant au lieu de le nier, on avance beaucoup plus vite. On n’a pas l’impression de tout abandonner lorsque on ne va pas bien. On se recentre juste sur soi-même et sur l’essentiel, on se roule en boule comme un chat, on fait le minimum vital. Quand ça ne va pas, le mieux est vraiment de laisser tomber temporairement tout le superflu.
On ne peut pas faire tout le temps ce qu’on veut, c’est certain. Mais on peut toujours alléger son quotidien. Par exemple, lorsque je ne vais pas bien, je sors très peu, je dors beaucoup ; si ça me fait plaisir, je regarde des séries ou des comédies romantiques toute la journée les jours où je ne travaille pas, je ne me force surtout pas à faire des choses que je n’ai pas envie de faire, même si elles sont réputées « être bonnes pour moi » ; si j’ai des besoins de boulimie, je les honore dans la mesure du possible, même si mes finances sont fragiles ; je réduis mon activité professionnelle au strict minimum.
Je fais ce qu’il faut pour récupérer de l’énergie en fonction de ce que me réclame mon corps, au lieu d’ignorer ce que je ressens et de me dire « c’est bon, ça passe » ou « ce n’est pas normal que je ressente ça ; ce n’est pas comme ça que fonctionnent les autres ».
Et je vous assure que ce n’est pas facile intellectuellement, je me sens naturellement coupable de ne pas en faire davantage, cela n’a rien de naturel pour moi. Mais je sais maintenant que c’est ce qui me permet d’amortir le choc. Au lieu de m’aligner sur le rythme des autres et de me mentir à moi-même en prétendant que je peux suivre ce rythme, je m’accepte : j’accepte mes fragilités ; j’accepte aussi en contrepartie d’avoir une efficacité et une productivité formidables pendant les phases où j’ai de l’énergie.
C’est toute la magie de notre dualité : une grande créativité, une grande capacité de concentration et de productivité quand on a le moral ; une nécessité quasiment vitale de se concentrer sur l’essentiel pendant les phases de récupération (comme une plante qu’on laisse dans un coin sombre certains mois de l’année pour qu’elle reconstitue ses forces).
Quand on comprend qu’on ne fonctionne pas comme la majeure partie des gens, on franchit déjà un grand pas. Et on a alors le choix : se forcer à s’aligner sur le mode de vie des autres et, malheureusement, c’est la promesse de grandes déceptions et lassitudes ; ou prendre en compte ses propres particularités et vivre avec, adapter sa vie à nos besoins et non l’inverse.
Pour ma part, je me réfère très souvent à ces règles-ci et je suis sans cesse obligée de vérifier que je suis sur le bon chemin et que je ne dérive pas vers l’auto-jugement et la tentation de « faire comme tout le monde ».
Toutes vos réactions et commentaires sont les bienvenus 🙂
Si vous en avez l’envie ou le besoin, vous pouvez toujours m’envoyer un petit mail à bouledevie@gmail.com, je me ferai un plaisir d’y répondre.
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Amitiés,
💛 Masha


2 Comments
Anonyme
ben juste MERCI pour tout ça Masha, je parcours ton site depuis 35 min et je me sens tellement bien en te lisant! tout ce que tu dis me touche. Je me reconnais dans tout ou presque…. cette notion de « vie normale » de devoir accepter de suivre SON rythme et non celui « imposé » par l’éducation familiale ou la « société » pour ce qu’on y met… tout ce que je lis là résonne énormément comme si une partie de moi, muselée depuis plus de 40 ans, hurlait » mais écoute la!!! c’est ça c’est exactement ça!!! » lol. je crois que j’en suis rendue là, à mettre en pratique, à oser m’écouter » faut pas torp s’écouter tu sais » ben SI justement! moi aussi j’ai remarqué, en faisant le bilan de ma vie;, à 45 ans, que toutes les fois où j’y suis allée par contrainte, peur, coercition, ça n’aboutissait à rien de bon…. discipline, violence, « à la dure » comme on m’a appris = mauvaise productivité, au point de devenir non fonctionnelle ( burnout). Tandis que toutes les fois où j’ai suivi la voie du plaisir = créativité, énergie, resultats. J’en ai les preuves, vécues, et pourtant depuis mon burnout que de violence envers moi même! comme c’est long et difficile parfois ( souvent? toujours? je ne sais pas) d’oser prendre SON propre parti. Et merci à mon corps pour les messages. Merci encore Masha.
Masha - Boule de Vie
Comme ça me touche, Merci beaucoup d’avoir pris le temps de me laisser ce commentaire, qui résonne aussi beaucoup en moi.
Paradoxalement, il peut être si inconfortable (voire violent ?) de s’écouter et d’être douce avec soi. Et ce, malgré l’insistance des expériences de la vie. Mais vraiment, comme tout, ça s’apprend, comme vous le dites si bien.
Merci pour ces mots