
Et si les crises de boulimie étaient un baromètre ?
Si vous souffrez de troubles alimentaires, c’est que, pour des raisons propres à votre vécu et au système dans lequel vous avez évolué, vous avez appris à vous couper inconsciemment de votre corps, pour éviter de vivre certaines sensations douloureuses, inconfortables, ou trop intenses.
D’ailleurs, la plupart des approches thérapeutiques des troubles alimentaires consistent d’abord à trouver des moyens d’éradiquer les symptômes du trouble alimentaire (crises, compulsions, compensation, vomissements). Même si un certain travail peut être fait autour des émotions, l’objectif recherché est avant tout de réduire ou d’éliminer les manifestations des troubles alimentaires.
Pourtant, il existe une autre approche possible, consistant à aborder le trouble depuis un tout autre angle.
Boulimie, hyperphagie : une autre approche thérapeutique possible
Au lieu de considérer les crises comme l’ennemi à éliminer, on peut les utiliser au contraire comme un moyen de prendre conscience que certaines choses ne vont pas.
Je vous explique ici comment les compulsions alimentaires et les mécanismes de compensation peuvent être utilisés comme un outil pour mieux se comprendre soi-même.
Crise de boulimie et relation au corps
Pourquoi on se coupe de son corps ?
Il peut s’agir d’un climat, d’une ambiance, pas forcément d’événements reconnus habituellement comme traumatiques. En effet, à l’âge adulte, on a alors du mal à habiter son corps, à ressentir des sensations. On est trop dans sa tête, puisqu’on a appris à utiliser notre mental pour s’adapter.

Les conséquences de vivre coupé de son corps
- On a forcément du mal à savoir comment on se sent, quels sont nos besoins.
- On est forcément aussi très tolérant à la souffrance (même quand on est très sensible!).
- Il va donc falloir aller très loin dans la douleur avant de reconnaître que quelque chose ne va pas.
Les crises de boulimie vont mettre DE la conscience là où on n’en met pas
Les crises de boulimie comme baromètre
Savoir détecter et utiliser les symptôme de la crise de boulimie
Que veulent dire les symptômes de la boulimie ?
- ça peut être le signe qu’on s’est oublié (d’autres choses dans ma vie prennent toute la place et je ne m’occupe pas assez de moi)
- qu’on consacre trop de temps à des choses qui ne sont pas importantes (ex : je me force à aller déjeuner chez les beaux-parents tous les dimanches et à y passer la journée alors que n’aime pas ça, mais je n’ose pas faire autrement)
- qu’on n’arrive pas à regarder une situation en face, qu’on la fuit (ex : ça ne va plus avec mon partenaire, mais je fais semblant que tout va bien, car j’ai peur d’apprendre des choses difficiles sur notre relation)
- qu’on se ment à soi même (ex : je ne supporte plus mon boulot mais je me raconte que j’ai de la chance de ne pas être au chômage et que quand même, c’est super d’avoir des tickets resto, donc je n’ai pas à me plaindre).
- qu’on se dissimule quelque chose, qu’on ne veut pas regarder quelque chose avec lucidité. (ex : je n’arrive pas à être seule avec moi-même, je remplis mon agenda à ras bord de sorties qui n’ont pas un énorme intérêt pour moi, parce que je suis terrifiée de me retrouver seule à la maison)
Comment utiliser les crises et compulsions comme un outil de connaissance de soi ?
- En sortant du piège de voir les crises comme LE problème : tant que je reste persuadée que tout va bien dans ma vie et que le seul problème, ce sont mes crises, je vais rester bloquée sur la résolution du symptôme et empêcher mon évolution. Les crises ne sont qu'un mécanisme d'adaptation, voire de survie, que mon système nerveux a mis en place pour m'éviter de souffrir.
- En acceptant que les crises sont un symptôme d’autre chose, je me donne la possibilité de regarder ce qu’elles mettent en lumière dans ma vie. C'est difficile à admettre quand on souffre de crises quotidiennes, mais c'est une des clés pour prendre du recul et utiliser le symptôme comme un outil de connaissance de soi.
- En acceptant de ne pas avoir toutes les réponses tout de suite. Les symptômes parlent un langage qui n'est pas toujours immédiatement accessible au mental. Il peut être très frustrant de ne pas comprendre ce qui est mis en lumière. Décoder le sens des symptômes demande de la patience et de l'humilité.
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