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Comment sortir de sa zone de confort quand on a peur de tout ?

 » Je me sens paralysé, incapable de rien, comme pétrifié.

Je suis bloqué là et je ne vois pas d’issue, j’ai envie de rien.

Je devrais, j’imagine, faire des choses, mais rien ne me donne vraiment d’élan, c’est plus du remplissage.

Je m’occupe, quoi.

 Je fais des choses pour ne pas rien faire, pas par envie.

J’ai peur de passer toute ma vie comme ça.

Bloqué, sans savoir ce qui bloque.

Et je ne vois pas comment tenter l’aventure quand j’ai autant de mal à faire des choses élémentaires. » 


Se challenger, sortir de son cocon, explorer…

Cela implique déjà comme pré-requis d’avoir un cocon à quitter.

Avoir l’audace de sortir de sa zone de confort, sans se faire violence
implique D’ABORD d’avoir la possibilité de se réfugier à tout moment dans un endroit confortable, pour s’y mettre à l’abri et récupérer de l’énergie.

Reprenons la fameuse image de l’exploration chez le tout-petit enfant, dont mes client-e-s entendent souvent parler : plus le petit enfant se sait aimé et sent un lien sécure avec sa ou ses figures parentales, ou sa cellule familiale, plus il fera preuve d’audace.

En d’autres termes, plus l’enfant se sent et se sait aimé, plus il se sent et se sait EN SÉCURITÉ, plus il lui sera facile de lâcher la main de sa mère (sa mère, au sens de figure nourricière, qui peut être incarnée par toute autre personne) et de s’aventurer loin d’elle, d’interagir avec d’autres enfants, de prendre des risques.

L’enfant qui ne sent pas de lien suffisamment fort est craintif, agrippé, dépourvu de spontanéité.

Il pourra tenter d’explorer tout de même, mais si la moindre difficulté vient entacher sa difficile exploration (une chute, une frayeur, une interaction compliquée avec un autre enfant), il peut perdre sa toute fragile confiance en soi et renoncer à se poursuivre dans cette position trop inconfortable.

Le challenge, le fait de s’aventurer dans l’inconnu, demande une certaine forme d’insouciance.

Quand on est déjà rongé par l’angoisse, on n’a guère l’espace et la disponibilité pour se dépasser, on est en mode survie. Et lorsqu’on sort de sa zone de confort, ce n’est pas par challenge, mais par nécessité, ce qui ne donne pas du tout le même goût à « l’aventure. »

Au lieu d’apprécier cette dernière, d’en savourer les fruits et d’attendre avec impatience le prochain challenge, on a hâte qu’elle se termine et on fait en sorte de ne plus s’exposer à un tel inconfort.


A quoi ressemble cet endroit confortable, ce port d’attache, dont chacun a besoin pour prendre son impulsion, se challenger et explorer ?

Il peut-être matériel.

Je crois qu’il faut profiter de tout ce que la matérialité peut apporter de réconfortant et de doux, surtout quand la vie mentale et émotionnelle est inconfortable.

Donc au sens propre,  cet endroit confortable peut-être sa maison, un petit coin dans une bibliothèque, son lit, un café dans lequel on se sent bien, des vêtements qui nous protègent même, peu importe.

Ma mère, par exemple, se parfume et se maquille toujours avant de sortir, même 5 minutes au supermarché, parce que, dit-elle, « ça me protège des autres. Ça me fait comme un champ magnétique impénétrable et, dans ces conditions, je peux être au milieu des gens sans me sentir envahie. »

Chacun son truc, à vous de trouver le-s vôtre-s.

Le truc, c’est que le petit coin de confort matériel ne suffit PAS.

On peut évoluer dans un environnement tout à fait relaxant et protecteur et être pour autant complètement bouffé par l’angoisse.

Je me souviens, quand je travaillais au Service de Santé des Armées, à Vincennes, j’avais pris l’habitude d’aller une fois par semaine dans un petit salon de massage, à quelques pas de mon travail. 

J’étais là, allongée dans un espace totalement propice à la détente, mentale et physique et pour autant, je passais la séance complètement angoissée, incapable de lâcher-prise. Au contraire, même, j’était anxieuse d’être coincée là, dans l’obligation de trouver une détente qui ne venait pas.

Le vrai luxe et, en même temps, le plus basique et naturel des droits, est d’avoir le confort émotionnel EN SOI.

Et c’est tout le malheur des personnes boulimiques, tant qu’elles n’ont pas commencé de travail adéquat sur elles-mêmes. Jamais vraiment bien nulle part, sauf quand il y a possibilité de s’anesthésier (par la nourriture, par l’alcool, par les autres, que sais-je encore) elles traînent partout avec elles leur angoisse de vivre et leur abyssal sentiment de vide.

Certaines tentent littéralement de partir à l’aventure : elles quittent leur vie et partent à l’étranger, changent de boulot, d’environnement… pour se rendre compte que ce vide les suit partout, quelles que soient les circonstances.

Sans prise en charge de cette angoisse et de ce vide, on ne peut espérer de guérison des symptômes (les crises de boulimie) qui servent, justement, d’anesthésiant. 

L’humain est bien fait : tant qu’on ne lui propose pas de solution satisfaisante, il utilise les moyens de protection qu’il a à sa disposition… même si ces moyens l’empêchent d’avancer dans sa vie.

C’est, je vous l’avoue, mon plus gros challenge dans ma pratique : comment aider les gens que j’accompagne à se créer leur endroit confortable, en eux-mêmes ?

Pas juste symboliquement, je parle d’une vraie solidité, d’un sentiment de sérénité qu’on sent physiquement, sérénité pas forcément débordante, mais inamovible, suffisante, qui résiste à toutes les circonstances, comme un petit feu intérieur tellement bien protégé que rien ne peut jamais l’éteindre complètement.


Schématiquement, l’enfant qu’on a aimé d’un lien sécure, en respectant sa petite personne, son individualité (ni négligence, ni fusion), qu’on a laissé jouer et explorer, à qui on a donné tout le loisir d’expérimenter l’insouciance, aura naturellement cet îlot de paix auquel s’accrocher en lui.

Il saura tester ses limites et explorer le monde sans crainte, sans se poser dix mille questions à chaque étape. Il aura peut-être peur, mais il saura que c’est normal et il ne se laissera pas impressionner.

Les autres enfants ne sont pas « foutus » pour autant.

Certains vont malgré tout accéder à leur individualité parce que des circonstances ou des personnes tierces leur permettront ce développement (c’est la thèse des Vilains petits canards de Boris Cyrulnik), tandis que d’autres, comme les futurs boulimiques, développeront des stratégies de survie, se maintenant la tête hors de l’eau en attendant de reprendre leur construction individuelle là où elle s’était arrêtée (ou en attendant de l’entamer tout court).

Travailler ce vide et cette angoisse existentiels avec mes client-e-s, c’est mon plus gros challenge  puisque comme je le disais, pas de disparition possible de l’obsession alimentaire tant que ce vide et cette angoisse occupent toute la place.

Seulement, il n’est pas toujours possible d’attaquer  cette problématique frontalement (bien que les travaux jungiens apportent des outils très précieux) et, parfois, les résistances inconscientes en jeu sont si fortes, qu’il faut creuser encore et encore, pour trouver LE fil sur lequel tirer.

Malgré des similitudes dans la structure de personnalité des personnes boulimiques, chacune d’entre elles a ses problématiques et ses résistances propres. On ne peut trouver « LA clé  » de chacun-e sans prendre le temps et l’énergie de s’intéresser concrètement à l’individu, c’est-à-dire sans, en quelque sorte, rejouer à l’âge adulte ce processus d’individuation dont ils ont été privés.

Masha


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